Corbillon

Lettre codée de Carlasse à son amant surnommé « Journal Intime », en date du 8 mars, journée de la Femme. Lettre accompagnée d’une vignette représentant Santa Cârlâ (sainte Poupoule en français).

Santa Carla

Cher Jôurnal Yntyme

Ecôutez-môy avec patyence et rôysôn. Je crôys que je vôys être adôpteuse ôuy ! mère adôpteuse ! C’est  merveylleux, c’est un rêve d’enfance ! Je suys très heureuse, et cômme le peuple va être heureux !  Je pense et rêve tellement à vôus que je crôys que l’enfant vôus ressemblera, en moyns rôse.
D’ôylleurs je pressens qu’yl a vôtre humôur. Nôus pryerôns Dyeu, vôus m’ôymerez, je fylerôy la lôyne de môutôns, je trycoterai des sacs.
Hyer j’ôy senty les premyers sygnes avant côureurs de l’adôptyôn quy ne saurôyent mentyr. Je jôuôys – avec quy vôus savez, suyvez môn regard – au jeu du côrbyllôn. C’est un jeu de sôcyété hônnête et fôrt ennuyeux quy demande  un sens de la répartye et de la ryme : ôynsy à la questyôn « que met-ôn dans môn côrbyllôn ? » yl faut répôndre par une ryme en ôn. Môys à « que met-ôn dans môn côrbyllule ? répôndre évydemment : « dans môn côrbyllule, je mets une renôncule ! » Renôncule est un exemple, byen sûr.
Ôr, à un môment, vynt à nôuveau môn tôur de jôuer, et là – l’espryt tellement ôccupé aux  jôyes futures de l’adôptyôn – à  » que met-ôn dans môn côrbyllard ? » j’ôy bêtement dyt : » tarte à la frayse ! » Môy quy n’ôyme ny les tartes ny les frayses !  Je suys ympayable !

Je ne sygne pas.

A la suite, la lettre décodée, car nous ne parlons pas la même langue.

(suite…)