Galanterie

«  J’exècre la galanterie. On peut bien vivre sans cela, parbleu ! Cette perpétuelle confusion de la culotte et du cœur me fait vomir. »

Vous illustrerez cette remarque de Flaubert par un court récit que vous accompagnerez  d’une jolie image.

mainsIl l’accablait de voluptueuses caresses, s’attardant sur le galbe de ses deux globes à la blancheur éblouissante. Elle le sentait s’enivrer de plaisir.

 » Il désire me  posséder sauvagement dans l’alcôve qui recèle une molle couche répondant à la magnificence féérique du palais de l’E*  » se fit-elle la réflexion comme  elle venait de percer son secret.
« Hou !  » glapit-elle en témoignage impromptu qu’elle lui donnait de sa flamme, tant elle était en proie à l’imprévu désir de l’amour qui lui enflammait les sens et la laisserait bientôt pantelante dans le plus simple appareil, si elle n’y prenait garde.

« Ah ! ah ! mon ami…je brûle…je n’en puis plus ! Que sont ces façons ; méchant petit chanoine ? Juste ciel ! à c’t’heure cela ne se fera point…Voyons un peu…ah ! doux Joseph,! cela est inouï ! Ah ciel ! se fit-elle la remarque in-petto. Mais que va-t-il penser de moi ? se morigéna-t-elle soudain sans aménité, Que je suis une raccrocheuse du quart ? Une gourgandine sans foi ? une  gaupe ? une turfeuse ? une goton? une  nénesse ? une cocotte athée ? une michetonneuse ?  une ribaude? une hétaïre? une marmite sans Dieu? bref une bagasse de bas étage ? une sans-Dieu qui n’ a pas communié ?  »

Revenue à de meilleurs sentiments par cette correction personnelle, et nantie d’une certitude fraîche émoulue,  elle se leva avec fougue et s’empara avec dextérité  d’un CD qui trainait sur le tapis persan qu’elle engouffra d’une main experte dans un  mange-disque  qui trônait dans les parages. » Quoi-ce !  » hoqueta N* sous cette rebuffade, saoul qu’il était encore du désir qu’il souhaitait ardemment rassasier et en  jetant des regards concupiscents à destination de  C*.

Mais la chanteuse ne l’entendait pas de cette oreille :

 » Que regardez-vous donc là ? Baissez les yeux ! rétorqua-t-elle en rougissant car elle prenait tout à coup conscience d’être dans le plus simple appareil dont il a été précédemment fait mention.
— Point du tout !  se défendit N* qui, de son côté,  en tenue d’Adam, cachait d’une main moite ses attributs intimes dont une virilité turgescente — tout en se rendant bien compte que personne n’était dupe de son manège.  Mais écoutons plutôt votre disque! , fit-il d’une galanterie toute française, tandis qu’il lui proposait  un cocktail pour détendre l’atmosphère électrique – tout en allumant un feu dans la cheminée :  » Coral reef, Monaco, Vodka malabar, Picon bière, Marquisette, Perfect Mojito ,Vodka tagada,  Mojito Créole,  Russe Blanc ?

— Un Fernet Branca,  acquiesça-t-elle, très femme du monde « .

Le marivaudage, tout un art…

Ah ! par pitié, Madame, daignez calmer le trouble de mon âme, daignez m’apprendre ce que je dois espérer ou craindre… Par où, dites-moi, ai-je mérité cette rigueur désolante ? Commencez donc à me rendre plus de justice, en ne feignant plus d’ignorer ce que je désire de vous. Permettez, Madame, que mon âme se dévoile entièrement à vos yeux ! Eh ! quoi, vous refusez toujours de me répondre ! rien ne peut vous fléchir ; et chaque seconde emporte avec lui l’espoir qu’il avait amené ! Ne m’abandonnez pas dans le délire où vous m’avez plongé ! Est-ce mon amour qui vous outrage ? Ah ! vous ne savez pas, vous ne saurez jamais, Madame, ce que vous me faîtes souffrir ! Placé entre l’excès du bonheur et celui de l’infortune, l’incertitude est un tourment cruel ! Quoi ! votre ami souffre et nous ne faites rien pour le secourir ? Par quelle fatalité, Madame, le plus viril de mes sentiments peut-il vous inspirer l’effroi ? Votre imagination se crée des monstres ! Quoi ! je vous demande un mot, un seul mot, pour dissiper mes craintes ! Mon Dieu, dîtes-moi oui et tout sera réglé ; ou devrais-je me punir par une constance à coup sûr inutile et dans laquelle on ne verra tantôt que du ridicule ? Abuserez-vous de cet empire que vous avez sur moi ? Savez-vous jusqu’où peut aller mon désespoir ? Par où ai-je donc mérité, Madame, les reproches que vous me lancez, et la colère que vous me témoignez ? Croyez-vous que je ne sois point blessé par votre courroux ? Eh ! que craignez-vous donc, que pouvez-vous craindre d’un acte si naturel et qui restera un secret entre nous — signe de la confiance que vous-même avez semblé me permettre, et à laquelle je me suis livré sans réserve…   Je ne réclame, Madame, que le bonheur que vous voulez me ravir, me le refuserez-vous ?… Quoi, moi ! consentir à n’être point heureux ? Ah ! c’est méconnaître mon courage et ma constance. De quel droit disposez-vous d’une juste envie tendre et pressante ? Je renouvelle ma 1725392036demande : dîtes-moi oui ! Non ? Soit ! persistez dans votre cruel refus, mais laissez-moi mon amour ardent ; vous pouvez le désespérer mais non point l’anéantir ; il est indépendant de vous ! S’il est source de vos maux, il est aussi source de mes remèdes… Vous me demandez ce que je fais avec mes cajolis ? Devrais-je, comme le commun des hommes, me laisser maîtrisez par les évènements ? Pourrais-je souffrir qu’une femme fût perdue pour moi, sans l’être par moi ? Eh ! depuis quand vous effrayez-vous si facilement ? D’où peut venir, Madame, le soin que vous mettez à me fuir ? Comment se peut-il que l’empressement le plus galant de ma part n’obtienne de vous que des procédés qu’on se permettrait à peine envers l’homme dont on n’aurait le plus à se plaindre ! Ah ! Madame, cessez de vous débattre et souffrez enfin que je vous honore !

Avec la participation posthume et dépareillée de Choderlos de laclos